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De l’origine du pouvoir et des Maîtres de l’Eau

 

 

Peu nombreux sont ceux au fait de la proto-histoire de notre monde. Les différentes civilisations qui l’ont peuplé ont pris garde à la réécrire à leur manière, afin de dissimuler le rôle qu’elles y ont joué.

Mais les Maîtres de l’Eau savent. 

  

Proto-histoire

 

Au commencement des choses, le monde était une force immuable, unique et indivisible du cosmos. Au fil des âges, sa fantastique unicité se morcela, laissant jaillir de sa fragmentation quatre puissances élémentaires : Eau, Terre, Air et Feu. Dans le cœur du monde, chacune possédait son propre territoire élémentaire, et prospérait sous l’égide d’un avatar appelé « Essence ». Et chacune se mit à façonner l’enveloppe encore vierge du monde.

Ce dernier se couvrit d’océans, de montagnes, de vents et de brasiers. Il devint le théâtre des opérations des Essences élémentaires… ainsi que celui de leurs affrontements. Car si les plans élémentaires, situés loin en dessous de la surface du monde, étaient les territoires privés des différents éléments, tel n’était pas le cas de la surface qu’ils sculptaient patiemment. Les Essences élémentaires se rendirent compte que leurs opérations pouvaient être freinées par les agissements de leurs semblables. Le premier de ces conflits éclata entre Xan’tico, la miséricordieuse Essence de l’Eau, et Gelas’h, la destructrice Essence du Feu. Cette dernière déversait ses rivières de lave et ses foyers incandescents sur la majeure partie du monde, empêchant les autres de s’épanouir pleinement, et l’Eau réclamait justice et équité.  Mais elle ne possédait pas la force de son adversaire. Alors elle convoqua M’hur, l’Essence de la Terre, et Ar’mantras, celle de l’Air, pour leur proposer de faire cause commune contre l’emprise du Feu. Ce fut la première fois que des forces élémentaires s’allièrent. Monts, vents et marées ravagèrent les étendues dévorées par les braises, et Gelas’h fut vaincu.

Pour une courte durée. Les trois autres Essences cherchèrent chacune à s’arroger la victoire et ses gains, et l’équilibre s’embrasa à nouveau. Le Feu en profita pour recomposer ses forces, et réapparut peu après. Le monde se fractura au cours d’un conflit sans fin qui renversa ses terres, craquela sa surface et tourmenta ses cieux.

Au terme d’une éternité de batailles, les Essences élémentaires s’accordèrent sur une trêve. Le territoire fut fragmenté selon un fragile équilibre : le sud pour Gelas’h et sa fureur volcanique, l’est pour M’hur et sa torpeur séculaire, l’ouest pour Ar’mantras et sa volonté de fer, et le nord pour Xan’tico et sa paisible majesté.

L’équilibre s’installa entre les quatre éléments. Et de cet équilibre naquirent les premières forces de la Vie. Les premiers êtres s’épanouirent à la surface du monde pour peupler le territoire apaisé de la fureur élémentaire.

 

 

L’Âge de l’Eau

 

Au nord, au cœur des calmes océans, l’Eau régnait en maître, isolée du reste du monde par un ensemble de vents et de courants impitoyables. Sur ses vastes espaces marins et ses petits archipels, des peuples primitifs s’épanouirent. De nombreuses races virent le jour, prospérèrent, déclinèrent et disparurent, suivant un long cycle de civilisations dominantes.

Le premier peuple qui parvint à comprendre et à échanger avec les pouvoirs élémentaires de l’Eau fut celui des nagas. Le prophète Noz’tar possédait une affinité particulière avec les océans. Il devint un pionnier dans la manipulation de la magie bleue, la magie de l’Eau. Longtemps ignoré par les siens, il finit par réussir à communiquer avec l’Essence de l’Eau elle-même, et fut le premier à utiliser son pouvoir. Grâce à lui, les nagas acquirent un avantage certain sur les autres civilisations du monde, et établirent une domination certaine sur ce dernier. Même le grand Empire K’il ne fut pas en mesure de s’opposer à eux.

Au fil des siècles toutefois, leur puissance s’éroda, affaiblie par l’émergence de nouvelles races qui découvraient à leur tour les pouvoirs de l’Eau. L’arrivée des elfes des glaces porta notamment un coup dur à leur domination. Venues de l’est, les créatures étaient d’ores et déjà passées maîtresses dans l’art de la magie bleue, et elles comptaient bien utiliser cette puissance pour s’opposer à leurs nouveaux ennemis.

La magie de l’Eau ravagea le monde, et provoqua des cataclysmes que nulle nation n’avait encore eu l’occasion d’observer. Effrayés par le pouvoir dont ils étaient les détenteurs, les magiciens comprirent que poursuivre sur cette voie amènerait la ruine des nations mortelles. Les plus puissants d’entre eux mirent de côté leurs différences, et formèrent un conciliabule impartial dont le rôle était de contrôler la magie bleue, et de veiller à ce que personne n’en fasse plus un usage abusif.

Les Maîtres de l’Eau étaient nés.

Leur entreprise fut couronnée de succès. Ils n’interrompirent pas les terribles batailles qui faisaient rage entre les anciennes civilisations, mais retirèrent à ces dernières leurs armes apocalyptiques. Pendant les siècles qui suivirent, les vieilles nations s’affrontèrent donc sans ces pouvoirs, jusqu’à faiblir et perdre en influence, à la faveur de nouveaux arrivants.

 

 

Les Anciens Royaumes

 

Les humains, en particulier, prospéraient en marge de ces conflits. Ils étaient originaires d’une lointaine terre du sud, et comptaient parmi les plus jeunes habitants de ce monde. Leur ingéniosité leur avait permis de gagner en pouvoir siècle après siècle, et à mesure qu’ils agrandissaient leurs territoires, les vieux peuples s’enfermaient dans les leurs. Progressivement, elfes, nagas, et toutes les créatures de l’ancien âge se replièrent sur elles-mêmes, laissant une nouvelle civilisation s’imposer sur la surface du monde.

Ce fut le temps des Anciens Royaumes.

Les premières nations sans identité raciale se construisirent. Elles s’élargirent au sein d’une dizaine de royaumes d’importance plus ou moins grande disséminés à travers les archipels. Et pendant plusieurs siècles, ces royaumes s’élargirent. Commerce, diplomatie, politique fleurirent en leur sein ; c’était les prémices de l’époque moderne. L’utilisation des pouvoirs de l’Eau demeura soigneusement contrôlée par les Maîtres.

Les années passèrent, des royaumes s’agrandirent, d’autres s’allièrent, d’autres disparurent…

Jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus que sept.

 

 

Les Sept Principautés

 

À l’heure des premiers pas de l’industrialisation, les dirigeants politiques des sept derniers royaumes perdirent considérablement en pouvoir au profit des maîtres de l’économie. Ces derniers finirent par prendre leur place, garantissant au peuple un avenir bien plus radieux que celui que leur promettait les seigneurs féodaux. Ils avaient compris qu’il y avait plus à gagner à la paix et à la croissance mondiale qu’à d’éternelles guerres de pouvoir. Ensemble, ils fondèrent les Sept Principautés en remplacement des sept royaumes, bâties sur des principes de progrès et de liberté : l’enrichissement personnel était pour eux un moteur pour l’enrichissement collectif et la croissance permanente d’une civilisation globale. Ils devinrent les Princes marchands. Sous leur règne, la plupart des anciennes familles royales sombrèrent dans l’oubli, emportant avec elles nombre de codes et de cultures d’antan. La science apparut comme une nouvelle force, et un nouvel enjeu de pouvoir. L’industrialisation du monde fit décliner ses forces primitives, y compris la puissance élémentaire de l’Eau. Les Maîtres se replièrent sur eux-mêmes, drainés de leur propre pouvoir, tandis que de moins en moins d’hydromanciens naissaient au sein des Sept Principautés.

Aujourd’hui, la magie bleue disparaît à grand pas. Les derniers hydromanciens sont vus comme des curiosités, et leur pouvoir comme un amusement. L’histoire a été réécrite par les dirigeants, et nos ancêtres ont été oubliés.

La culture a dévoré la nature, et les magiciens sont devenus légende.

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